
par German Gorraiz Lopez
Le Watergate était un cas d'abus de pouvoir étayé par des preuves directes (enregistrements, témoignages sous serment et obstruction à la justice) qui a érodé la confiance du public et contraint Nixon à la démission en 1974. Trump figure-t-il sur la liste Epstein ?
Le 12 novembre 2025, les Démocrates de la commission de surveillance de la Chambre des représentants ont rendu publics trois courriels provenant de la succession d'Epstein, obtenus dans le cadre d'une enquête plus vaste sur la dissimulation par la Maison-Blanche des dossiers Epstein. Ces documents, totalisant plus de 20 000 pages (bien que les Républicains en aient publié la majeure partie le même jour), font mention de Trump. Ces courriels ne prouvent pas la participation de Trump aux abus, mais ils suggèrent une relation sociale étroite dans les années 1990 et au début des années 2000. Trump a admis connaître Epstein («un type formidable» en 2002), mais affirme l'avoir expulsé de Mar-a-Lago en 2007 pour harcèlement envers de jeunes employées.
Un Watergate 2.0 ?
Comme lors du Watergate, des documents révèlent au compte-gouttes les liens de la présidence avec des individus douteux (Epstein contre les «plombiers» de Nixon), et les Démocrates s'en servent pour réclamer la transparence, à l'instar de la manière dont les médias et le Congrès ont érodé la réputation de Nixon. Cependant, dans le Watergate, il existait des preuves médico-légales (les enregistrements du Bureau ovale) et des témoins crédibles (comme John Dean). Ici, tout repose sur Epstein, qui se serait «suicidé» en détention. Aucune confirmation indépendante n'est apportée, et Trump nie toute connaissance des crimes d'Epstein.
Existe-t-il une source bien informée qui forcera Trump à la démission ?
Le premier «Gorge profonde» (Mark Felt du FBI) était un informateur anonyme ayant divulgué des preuves irréfutables. Or, à ce jour, aucun lanceur d'alerte similaire n'a fourni de preuves plus accablantes que ces courriels. Trump réagit par le déni et des contre-attaques (qualifiant notamment tout de «canular»), et ses partisans le perçoivent comme victime d'une «chasse aux sorcières».
Cependant, la députée démocrate nouvellement élue, Adelita Grijalva, a signé une pétition sur les dossiers Epstein, apportant ainsi la 218ème signature nécessaire pour forcer un vote à la Chambre. Le président de la Chambre, Mike Johnson (Républicain), a confirmé ce vote, mais Trump et les dirigeants républicains s'y opposent, invoquant la «sécurité nationale». Toutefois, si d'autres courriels ou témoignages (comme ceux de Ghislaine Maxwell, condamnée à 20 ans de prison) étaient révélés, cela pourrait nuire politiquement à Trump, notamment à l'approche des élections de mi-mandat de 2026.
source : Observateur Continental